Brexit tournera plusieurs pages. Parmi celles-ci, le  Prof. Kees Groenendijk (Radboud Universiteit)  rappelait récemment la contribution apportée au droit européen, en particulier au droit de l’immigration, par les juges et avocats généraux britanniques de la Cour de justice de l’Union européenne.

Le dernier de ces juges, Christopher Vajda, est un Alumnus de la Fondation Wiener-Anspach. Dans un entretien accordé en 2018 il parle de du rôle déterminant de la bourse  qui, en 1977/1978, l’a conduit à l’ULB, où il a obtenu une licence en Droit européen à l’Institut d’ Études européennes. « Après mon diplôme à Cambridge, je comptais partir étudier aux États-Unis. Mais le Prof. C. J. Hamson, Professeur émérite de Droit comparé à l’Université de Cambridge, me conseilla plutôt d’aller ‘là où est le futur: l’Europe’. Il me recommanda pour une bourse à l’Université libre de Bruxelles, un cours en droit européen entièrement en  français. Cela a fortement influencé ma carrière, car j’ai été amené à vouloir me spécialiser en droit européen, alors encore à ses débuts ».

Commentant cette interview, le Professeur Jean-Victor Louis, ancien Président de la Fondation, souligne le « rôle joué par le Professeur Hamson (un ami du deuxième Président de la Fondation, le Professeur W. J. Ganshof van der Meersch) dans la promotion de la Fondation et le recrutement d’un certain nombre de candidats, comme Christopher Vajda, l’un de ses plus brillants étudiants ».

Après son expérience à la CJUE, Christopher Vajda a réintégré son ancien cabinet, Monckton Chambers, où travaille également une autre Alumna de la Fondation, Valentina Sloane.

Voici quelques extraits du discours d’adieu prononcé par Christopher Vajda à la CJUE le 12 février 2020. Le texte complet est disponible sur le site de la Cour.

« Le Royaume-Uni a rejoint la Communauté économique européenne, comme elle s’appelait à l’époque, le 1er janvier 1973. J’avais 17 ans et vous imaginez bien que la CEE et la Cour n’occupaient aucune place dans ma vie. Après mon diplôme en droit à Cambridge, Jack Hamson, Professeur émérite en Droit comparé, me persuada de compléter une licence en droit européen à Bruxelles. Dans les années cinquante le Prof. Hamson avait écrit le premier texte anglais sur le droit administratif français, à une époque où le droit administratif était un concept encore inconnu en droit britannique. Je suis parti à Bruxelles bien avant le programme Erasmus, et j’avoue que l’un des principaux attraits était l’attribution d’une bourse très généreuse, qui me permit de partager mon temps entre l’université et les cafés et restaurants de la  ville, d’une manière qui me semblait respecter pleinement les principes de la diligence et de la proportionnalité ».

« Depuis 1982 j’ai pu observer d’importants changements dans les méthodes de travail de la Cour. Je suis heureux de dire que la plupart ont été positifs. Le changement le plus significatif, et le plus visible du monde externe, est que les audiences ne sont plus des procédures formelles au cours desquelles les avocats lisent leurs plaidoiries et les juges ne posent aucune question.  […] On pourrait dire que les questions adressées par les juges sont un élément apporté par la tradition juridique britannique, mais je suis certain qu’il est à présent si ancré dans le DNA de la Cour qu’il restera après Brexit ».

« Je pense que le moment est venu pour la Cour d’adopter la diffusion en direct de ses audiences. Cela permettrait à plus de personnes de voir la Cour en action, et à la Cour de se rapprocher des citoyens. Quant à moi, j’attends avec impatience le jour où, confortablement installé dans un canapé,  je pourrai voir mes anciens collègues d’où que je sois dans le monde ».