Comment la littérature contemporaine traite-t-elle la question actuelle des frontières à partir du concept d’utopie ? C’est autour de cette question que se réuniront, du 19 au 23 avril, les intervenantes et intervenants au colloque international « Utopie et migration. Renouveler l’imaginaire des frontières au XXIe siècle », co-organisé par notre lauréate Justine Feyereisen en collaboration avec la Maison française d’Oxford. Le programme, très riche, comprend les interventions du philosophe camerounais Achille Mbembe et de l’écrivain haïtien Louis-Philippe Dalembert, ainsi que la projection du documentaire franco-italien La vallée de Nuno Escudeiro.
Extrait de la présentation (disponible intégralement ici)
Les migrations sont la clé de l’évolution biologique, cognitive et sociale, de la répartition géographique et du développement économique de l’humanité depuis ses origines. Aujourd’hui, migrer n’est pourtant plus synonyme de force dynamisante et régénératrice, mais de mouvement anarchique venant perturber l’ordre public. Sous l’influence de philosophes, des chercheurs en sciences sociales se sont récemment emparés du concept d’utopie afin d’émanciper la société au regard du capitalisme, de la globalisation, de la décolonisation ou du rôle des frontières dans ces processus. Pour rendre compte de ces bouleversements transnationaux, ils recourent à une définition renouvelée de l’utopie qu’ils associent à une perspective « cosmopolitique » (Beck 2006) : cette utopie cosmopolitique au présent est un concept méthodologique consistant à transformer, de manière concrète, le processus déjà engagé des flux migratoires, que le modèle de l’État-nation ne saurait plus gérer, pour aboutir à une citoyenneté de dimension mondiale et à une solidarité à caractère universel. La démarche intellectuelle qu’ils encouragent réside dans une observation empirique de la société couplée à un imaginaire littéraire débridé. Les spécialistes de la littérature, quant à eux, ne se sont pourtant pas encore penchés sur les notions d’utopie et de frontières de façon simultanée, alors que ces dernières se côtoient dans des œuvres littéraires (roman, essai, poésie…) où le vécu d’expériences migratoires se mêle à la puissance d’imagination propre à l’utopie. Ce colloque envisage de les aborder conjointement, invitant le champ scientifique littéraire à une discussion tenue à ce jour essentiellement par les sciences sociales.
Le programme complet ainsi que les modalités d’inscription sont disponibles sur le site de la Maison française d’Oxford.
Justine Feyereisen, Docteure en Langues, Littératures et Traductologie (ULB) et en Littératures française et francophone (Université Grenoble Alpes), poursuit à Oxford une deuxième année de recherches sur le thème “Poétique des utopies cosmopolitiques : Défier les frontières par la littérature”, auprès du Professeur Matthew Reynolds (Faculty of English Language and Literature).